Wednesday, August 10, 2011

Que faire de notre cerveau? (2004)



available in German, English, and soon in Turkish.


Bayard, 2004, 128 pages.


Ne soyons pas dupes de la façon dont on nous parle de notre cerveau
Le cerveau a toujours été l’organe le plus sujet aux métaphores politiques. Certainement parce qu’il est celui qui commande. Mais les dernières découvertes le concernant, notamment celle qui touche à sa plasticité, ont fondamentalement remis en cause cette fonction.
Que trouve-t-on en effet dans le cerveau ? Des milliards de neurones, connectés par un réseau de jonctions innombrables, qui ne cessent de se développer et de changer tout au long de la vie. Le cerveau se sculpte lui-même, notamment par la mort cellulaire. Il est aussi sensible aux stimulations extérieures qui influencent directement le développement et le volume des connexions. Il sait également se réparer lui-même. Bref, le cerveau est flexible.
La question que pose ici Catherine Malabou est la suivante : le cerveau a cessé de fait d’être la métaphore d’un pouvoir centralisé et rigide. Mais pour autant, la description que l’on en fait actuellement est-elle dénuée de toute arrière-pensée politique ? Il est en effet troublant de constater que les mêmes mots, à commencer par la flexibilité, sont utilisés communément dans la vie économique.
La description du cerveau aujourd’hui n’est-elle pas l’image du monde capitaliste dans lequel nous vivons ? Ne décrit-elle pas une autre forme de pouvoir qui ne serait pas centralisé mais n’en resterait pas moins un poste de commande, d’où on encense l’adaptabilité absolue, la flexibilité et d’où on rejette les individus sans mobilité, trop rigides ?
Ne soyons pas dupes de la façon dont on nous parle de notre cerveau.

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